Valise en main, un pied sur le quai vibrant, l’autre déjà prêt à embarquer, le voyage en train indien défile comme un long ruban d’images, d’odeurs et de rencontres inattendues, où chaque arrêt se réinvente au gré des paysages et des visages croisés. Ici, on oublie l’horloge et on se laisse porter par le rythme unique des rails : une tasse de chai brûlant entre deux escales, la conversation impromptue d’un inconnu, ou ce léger frisson quand la ville se retire pour laisser place à un désert doré. Prendre le train en Inde, c’est abandonner la routine sur le quai pour suivre la trajectoire sans fin des wagons : là où le simple bruit du sifflet promet mille histoires à inventer, loin de tout ce qui reste immobile.
Dans la peau d’un voyageur sur les rails indiens
Imaginez… voilà la scène : valise à la main, le bourdonnement d’une gare en pleine effervescence, chaque instant prêt à vous happer dans une nouvelle aventure. Prendre le train en Inde ne rime pas seulement avec changement de transport. C’est aussi s’offrir le luxe de perdre la notion du temps, mêler ses propres souvenirs à ceux d’inconnus, apprendre à voir l’Inde sous un angle différent. Le train fonce, traverse des villes aux noms mythiques, marque parfois des arrêts imprévus. Beaucoup assurent qu’aucun autre moyen ne permet d’appréhender la grandeur du pays, de ressentir le pouls de ses habitants, d’écarter d’un billet toute idée de distance. Mais où poser ses valises, quand l’infini semble s’étirer devant les rails ? Voilà ce qui se glisse derrière chaque escale… tout se transforme, tout s’imagine à bord.
Le grand voyage au Nord : du tumulte de Delhi aux prières de Varanasi
Sur le quai surpeuplé de Delhi, une question tourne en boucle : jusqu’où aller ? Souvent, le périple commence ici, au cœur de cette capitale insatiable. Le train s’élance vers l’ouest, longe le désert pour toucher Jaisalmer et son mirage doré. Quatorze heures plus tard, on débarque, fatigué mais ébloui, dans une citadelle posée à l’orée du vide. Cap sur le Rajasthan, à travers palais et explosions de couleurs, on atteint Jodhpur la bleue. Encore quelques kilomètres, et Udaipur dévoile son lac, l’occasion parfaite pour lever le pied.
“Vous pouvez toujours négocier un taxi avec chauffeur à cette étape, histoire de ne rien perdre du spectacle sur la route.”
Le parcours file ensuite vers Pushkar la sacrée, s’égare dans le labyrinthe de Jaipur la Rose, s’incline finalement devant le marbre du Taj Mahal à Agra. Certains filent droit, d’autres s’autorisent une halte à Fathepur Sikri : une cité fantôme où le passé se fait encore entendre. Et vient cette collection de petits détails, ceux qui marquent le souvenir :
- Un chai brûlant entre deux arrêts.
- Un siège partagé avec des inconnus prêt à bavarder.
- L’émerveillement devant un paysage qui s’étire lentement derrière la vitre.
L’envie de pousser l’escapade plus loin se fait sentir ? Orchha ou Khajuraho avec ses temples étonnants jalonnent la route. Et le train finit par bifurquer une dernière fois en direction de Varanasi, la cité où l’eau des fleuves fait écho à la rumeur du monde. Deux jours permettent de ressentir la ferveur et de saisir un fragment d’Inde profonde.
Du Nord au Sud : le rail comme trait d’union
Un matin à Delhi et soudain, cap sur le Sud. L’aventure démarre, tissant sa toile entre l’énergie d’Agra, les splendeurs perchées de Bhopal, les merveilles d’Ajanta, puis Mumbai, immense et insaisissable. Dix heures de trajet, et voilà déjà les palmiers de Goa qui ondulent sous le soleil. Le sable invite à la pause, mais la route reste pleine de promesses : direction Badami, puis Hampi aux ruines grandioses, avant de filer vers Bangalore, où l’Inde du futur se dévoile sans fard. Les rails invitent ensuite à découvrir les temples de Madurai, les falaises de Varkala et, enfin, les canaux tranquilles d’Alleppey, cernés de cocotiers. Pour clore le chapitre, Kochi s’impose, ville portuaire saturée d’influences, souvenir vivace d’un périple que le temps ne parvient jamais à ternir.
“Certains sites du Tamil Nadu restent éloignés des voies ferrées, il faut parfois bifurquer hors du rail pour continuer l’exploration. Une voiture avec chauffeur facilite la liberté d’étape.”
Une poignée de bonus inattendus
À la recherche d’une expérience royale ? Les voitures du Palace on Wheels ou du Rajasthan on Wheels révèlent un luxe hors du temps. Pour les amateurs de sensations rares, les Toy Trains de montagne réservent des vues vertigineuses : Kalka-Shimla, Darjeeling ou Ooty mettent le paysage en majesté, avec l’air frais en prime.
Que retenir alors ? La vraie question ne se résume pas à “où prendre le train ?” mais plutôt à ce que vous êtes prêt à accueillir là où vous conduisent les rails. La suite se décide, le plus souvent, sur le quai au son du premier sifflet, lorsque tout reste encore ouvert…