Sur le plateau du Cézallier, l’Auvergne prend des airs d’Écosse

Sommaire

L’arrivée sur le plateau du Cézallier surprend. À peine les chaussures posées, la brume enveloppe, le vent décoiffe, le silence avale tout et soudain, la routine s’efface. Ce coin du monde affiche une liberté brute, une ambiance d’aventure douce, avec ses vagues d’herbe dorée, ses vaches paisibles et ses murets solides. L’impression de traverser une frontière invisible se fait ressentir. Rien de familier ici : chaque pas invite à s’échapper, comme si l’infini s’ouvrait sous les semelles, sans quitter le pays.

Un matin dans la brume : le choc des Highlands… au cœur de l’Auvergne

Imaginez : les chaussures de randonnée foulent un plateau oublié. Le vent fouette le visage. La brume erre entre les bosses d’herbe. Un silence immense enveloppe les lieux. On pourrait croire avoir franchi la Manche, entre lochs et moutons écossais, alors qu’en réalité… le Massif central vous accueille, dans sa version la plus sauvage. Aujourd’hui, ce rêve de paysage porte un nom : le Cézallier. Ici, le dépaysement se fait sentir d’emblée, sans passeport. Derrière cette ambiance étrange, chaque foulée laisse un goût d’aventure hors du temps.

Où le relief s’efface et le regard s’accroche à l’infini

Le plateau du Cézallier en Auvergne

Sur le Cézallier, rien qui vienne interrompre la vue. Pas de pics acérés ni de forêts épaisses. Tout s’étale, tout respire. À perte de vue, des collines herbeuses, égrenées de vaches Salers ou Aubrac, de murets de pierres centenaires, et au loin la ligne pure d’un horizon ailleurs. Le Signal du Luguet culmine à 1 551 mètres. Pourtant, tout alentour, l’horizon s’efface dans l’immensité. On se trouve entre Cantal et Puy-de-Dôme, dans le balancement de la lumière et de la lande volcanique. Mais le vrai choc, c’est ce contraste entre la rudesse du plateau et la douceur qui s’en dégage.

  • Pas d’arbres gigantesques, mais une mer d’herbes dorées
  • Nulle ville à l’horizon, seulement le grondement du vent
  • Des pierres, comme posées par la main des siècles, témoins des pastorales d’autrefois

Un décor grandioses sans artifice attend celles et ceux qui cherchent l’authenticité. Quand l’hiver fige les lacs, le printemps les réveille : ce sont comme des morceaux de miroir qui attrapent la lumière flottante entre la folie des éléments et le calme.

La météo, chef d’orchestre fou d’une rando sensorielle

Tout commence à l’aube : la brume s’accroche au sol, grignote la pointe des souliers. Seule la silhouette d’une vache, la courbe d’un sentier se devinent. Puis le jour s’allonge, le ciel craque, la lumière perce peu à peu. Parfois, pluie et soleil se disputent le plateau et tout bascule d’une minute à l’autre. Randonner ici tourne à l’expérience à part entière.

« L’instant d’avant, je ne voyais rien. L’instant d’après, tout s’ouvre d’un seul coup. On croit rêver. »

Certains circuits font oublier tous les voyages lointains :

  • Le tour des lacs depuis Égliseneuve-d’Entraigues, pour glisser d’eau en eau, façon lochs mystérieux
  • Le circuit des Quatre Montagnes, pour caresser le ciel par les crêtes du Signal du Luguet, du Puy de la Garde, du Puy de Pradiers et du Mont Journal

Partout, des panoramas qui n’appartiennent à aucune carte postale : pas de cliché, seulement des souvenirs vivaces à ramener des terres d’Auvergne.

Un territoire qui rejoue l’aventure à chaque saison

Chaque saison métamorphose le Cézallier : narcisses et gentianes explosent au printemps, vaches nonchalantes en été, landes embrasées en automne, steppe gelée l’hiver. La faune surprend aussi, avec quelques oiseaux rares, comme ce busard porté par les courants ou ce milan royal perdu dans la lumière. Parfois, au détour d’une tourbière, rencontre insolite : une droséra, cette plante carnivore discrète qui se débrouille seule dans la fraîcheur humide.

Bon à savoir : Même un promeneur discret risque de croiser le vol paisible d’un circaète Jean-le-Blanc, silhouette suspendue sur fond d’infini.

Difficile de ne pas être frappé par cette capacité du plateau à se réinventer. La nature semble préserver ici sa liberté, comme si personne n’osait la déranger.

Pourquoi repartir d’ici changé ?

Un détail saute aux yeux après Allanche : tout s’efface. Plus de bruit, plus d’information, plus de repères. Le temps ralentit. L’envie de prendre de l’air, d’élargir le regard, de respirer profondément s’impose sans prévenir. Le vrai privilège ? S’extraire du lit avant l’aube, marcher dans une lumière hésitante, savourer une solitude revigorante. Parfois, la rencontre d’un éleveur, l’ascension d’un muret, un buron où dormir, une bouchée de fromage local ou un morceau de pounti à partager. Certains restent, d’autres filent, mais tous repartent, un peu changés. Ici, pas de grand spectacle hollywoodien. Le dépaysement se fait doucement, presque sans bruit, et finit par flouter la frontière entre la France et cet ailleurs insoupçonné.

« Ici, même un toit de lauze, un chemin perdu ou une vache dans la brume transportent en Écosse, sans quitter l’Auvergne. »

Le Cézallier, au fond, ne promet rien d’autre qu’une parenthèse inattendue. Un détour, un sentier, une trombe d’air, et le pays dévoile une facette insoupçonnée. Peut-être la vôtre, un matin, lors d’une éclaircie…

Laisser un commentaire

Retour en haut