Embarquer dans ce train qui file à travers l’Inde, c’est se laisser happer par un tourbillon de couleurs, de chants et de parfums qui réinventent le quotidien à chaque arrêt, des marchés de Kolkata à la douceur d’Udaipur, des barques sur le Gange jusqu’aux ruelles vibrantes de Delhi ; au fil de cet itinéraire surprenant, chaque virage promet une émotion inédite, comme si le voyage déroulait devant vous un film dont seul le chemin dicte le rythme… C’est justement là que la magie opère.
Un train, un marché, une flamme : tout commence à Kolkata
Imaginez la chaleur moite d’une gare, des regards qui croisent le vôtre et, au loin, le rugissement urbain d’une cité débordante de vie. Ici, à Kolkata, difficile de rester indifférent. Les saris colorés se fondent dans le tumulte, les vendeurs de fleurs envahissent le marché où chaque étal déborde de couleurs, et le fameux Howrah Bridge veille, imperturbable, sur le ballet quotidien. Voilà le décor. Derrière la cacophonie, une promesse : celle d’un itinéraire capable de chambouler toutes vos idées reçues sur l’Inde. Mais avant de filer vers le nord, la question reste : l’Inde, doit-on s’en contenter de la survoler ou la traverser pour de vrai ?
Entre grues, ghâts et ferveur : on avance, mais rien ne se ressemble
Les paupières closes, en route vers Bodhgaya, on oublie aussitôt Kolkata. Ici, l’éveil prend tout son sens. Bouddha y aurait médité quarante jours sous un banyan. Un souffle suffit pour suspendre le temps, tant l’atmosphère pèse. Un peu plus loin, Varanasi s’anime dès l’aube, quand la barque fend le Gange. Dévotion, chants, cendres s’envolent : la spiritualité happe les voyageurs sur chaque ghât, dans chaque ruelle. En poursuivant, les temples de Khajuraho dressent leurs silhouettes, sculptés comme une dentelle de pierre. Les murs racontent mille histoires, parfois audacieuses, souvent mystérieuses. À Orchha, tout s’arrête : palais en ruines, rivière paisible, silence inattendu. Plus moyen de se raccrocher à la routine.
Mille visages, mille religions : l’Inde en mouvement permanent
Impression d’avoir déjà tout vu ? Sanchi remet vite les compteurs à zéro avec ses stupas géants, pareils à de vieux contes bouddhiques gravés dans la pierre. À Bhopal, les bazars grondent et les palais s’imposent, tandis qu’Indore illumine ses temples jaïns de fresques éclatantes. Mandu glisse vers d’autres mondes avec son architecture afghane. Un changement d’ambiance s’annonce à Udaipur, la cité du blanc et du calme. Les rives du lac invitent à prendre son temps ; la vie quotidienne se transforme en tableau.Ranakpur, quant à lui, impressionne par la pureté du marbre du temple d’Adinath :
« N’essayez pas de tout comprendre ici… Laissez-vous porter par la beauté. »
Sur la route, entre Jodhpur et Pushkar, un nouvel élan de couleurs apparaît. Forteresses, maisons bleues, bazars saturés de tissus : tout vibre. Pushkar, avec son lac entouré de temples, joue la carte de la ferveur joyeuse. Et chaque année, la grande foire rassemble dromadaires et visiteurs dans un capharnaüm éclatant.
L’Inde, c’est aussi la surprise au détour d’un virage
Jaipur impose une pause. Les palais murmurent, les façades roses attrapent la lumière, et cet immense observatoire tutoie les astres. Sur la route, difficile de résister à la tentation de bifurquer : un puits à degrés, une cité fantôme… Rien n’a l’air fortuit. Vient le tour d’Agra. Impossible d’ignorer le Taj Mahal, flottant dans la brume du matin ou doré au soleil couchant. À chaque visite, la magie silencieuse surprend. Passage obligé par le Fort Rouge : un vrai choc visuel. Arrivée à Delhi. Infatigable, bruyante, traversée par autant de bazars que de tombeaux et de jardins, elle donne l’impression qu’une vie entière n’y suffirait pas.
Conseils pour ne rien rater… et un secret à partager
- Pensez à voyager autant de jour que de nuit : certains trajets légendaires se vivent sur une couchette, bercé par le mouvement répétitif des rails.
- Parfois, un vol intérieur fait gagner du temps, même si prendre la voie aérienne, c’est renoncer à une partie du spectacle.
- La mousson réserve parfois des surprises, capable de transformer une balade tranquille en vraie aventure.
- L’itinéraire classique s’arrête souvent à Delhi ? Rien n’empêche de continuer à l’ouest, direction Mumbai, jusqu’à sortir complètement des sentiers battus.
Arpenter le Nord et le Centre de l’Inde, ce n’est pas une simple case à cocher sur une carte. C’est choisir de se laisser bousculer, d’ouvrir grand les yeux et de s’abandonner à la surprise.
Un tel voyage a-t-il vraiment une fin ? Pas sûr. Dernière image : Delhi qui s’éloigne, les lumières s’amenuisent derrière la vitre du taxi, tandis que la frontière entre rêve et réalité refuse de se laisser démêler…