Passer le seuil de la maison de Danièle Jacqui, c’est comme ouvrir une boîte à malice où chaque mur, chaque recoin explosent de couleurs et d’inventivité ; dans ce cocon à Roquevaire, tout, du paillasson au plafond, se métamorphose en œuvre d’art vivante, réveillant la curiosité des visiteurs du monde entier et prouvant qu’une simple maison peut devenir un véritable manifeste de créativité hors du temps.
Là où chaque mur parle : immersion chez « celle qui peint »
Surprise au coin d’une ruelle tranquille, à quelques battements d’ailes de Marseille : voilà une maison qui ne ressemble à aucune autre. Ici, impossible de croiser une façade provençale ordinaire. À Roquevaire, dans le hameau du Pont-de-l’Étoile, surgit un lieu à part : la demeure totale de Danièle Jacqui. Pénétrer dans cet abri bariolé, c’est pousser la porte d’un endroit transformé pièce par pièce par une autodidacte qui, même à 91 ans, continue de désarçonner chaque visiteur curieux. Pourquoi des passionnés venus du monde entier se pressent-ils chaque jour devant ce portail ? Le mystère s’épaissit à mesure que l’on avance.
Des débuts ordinaires… à la démesure artistique
Difficile d’imaginer, en voyant la porte entrouverte, que cet univers a surgi d’un simple besoin de remettre de la couleur dans une vie. Après un divorce, Danielle s’installe ici avec son mari. Elle exerce alors comme brocanteuse, sait poser quelques briques… mais ce qui la fait vibrer, c’est tout ce qui sort du cadre habituel. Sans formation ni mentor, elle invente son langage : son fameux « ORGANuGAMME », une grammaire qu’elle sculpte, peint, et mosaïque au fil des jours.Au début ? Elle peint un mur, puis une porte, puis tout l’espace. Cette envie prend le dessus matin et soir, jusqu’à ce qu’aucun recoin n’échappe à l’élan coloré.
- La créativité jaillit sur les murs, les sols, les plafonds.
- Ici, une sculpture monte la garde près du frigidaire, lui-même recouvert de volutes peintes à la main.
- Chaque meuble, chaque objet du quotidien, devient l’occasion d’inventer.
« J’offre mes couleurs au printemps passant, en forme de bonheur pour les fleurs, les oiseaux, et toi, et nous. »
Impossible de faire un tour sans tomber sur une surprise inattendue : c’est bien ce qui attire tout le monde ici.
Une maison vivante … en attente de reconnaissance
Un vrai choc pour celui qui s’avance près de la façade. Les céramiques éclatent, les mosaïques filent d’un coin à l’autre : pas un centimètre ne reste muet, chaque pièce raconte les années de passion. Tout ne s’arrête pas à la beauté du geste. La maison de Danièle s’apprête peut-être à changer de statut, sur le point de rejoindre le cercle fermé des lieux classés œuvre à part entière.
- Une procédure d’inscription aux monuments historiques a été lancée.
- Ce statut protégerait la maison : aucune chance qu’elle disparaisse ou soit oubliée.
- Ce passage ouvrirait sans doute les portes à encore davantage de visiteurs à l’avenir.
Pour Danièle, ce moment aurait la saveur d’une consécration longtemps attendue. Son rêve ? Offrir ce musée vivant à tous, même lorsqu’elle ne sera plus là pour guider la visite.
Frapper à la porte de l’extraordinaire
On passe parfois juste devant : un bijou peut sommeiller derrière une haie banale, aux abords des villes. La maison de « celle qui peint » attend de rencontrer des visiteurs prêts à voir le quotidien autrement. On en ressort ébloui, des couleurs plein les yeux, l’esprit chamboulé. Et la question revient : qu’est-ce qui, chez soi, pourrait être réimaginé ? À Roquevaire, la réponse déploie ses couleurs sur les murs d’une maison et dans la vie entière d’une artiste en liberté.