Ajanta : des peintures intactes depuis vingt siècles

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À Aurangabad, Ellora ou Ajanta, chaque visite ressemble à l’ouverture d’une porte vers un rêve sculpté dans la pierre. L’Histoire se glisse sous vos doigts, la lumière s’infiltre entre les sanctuaires suspendus et les grottes vibrantes de couleurs. Sur place, le silence n’appartient qu’à ceux qui marchent au plus proche d’un monde flottant entre imaginaire et réalité. Ici, la ville garde les traces des empires disparus. La paroi rocheuse fait naître les divinités, et parfois, une fresque oubliée jaillit d’un repli du sol. Impossible de repartir comme avant. La beauté semble ici avoir passé un pacte silencieux avec le temps.

Quand la pierre se transforme en rêve : plongée à Aurangabad, Ellora et Ajanta

Imaginez-vous dans une cité où chaque ruelle murmure l’Histoire, où la roche devient livre, où la lumière taquine, dès l’aube, d’extraordinaires sanctuaires perchés sur la falaise. Voilà Aurangabad. L’air y mêle la nostalgie d’un passé impérial à l’énergie vibrante d’une Inde pressée. Tout autour, les grottes sacrées d’Ellora et Ajanta se dévoilent : on ne se contente pas de les visiter, on traverse ces lieux comme on passe la porte d’un songe éveillé. Envie d’aventure ? Préparez-vous, rien de tout cela ne ressemble à ce que l’on croise ailleurs.

Aurangabad : la porte du passé

En flânant entre les étals et les rues animées d’Aurangabad, difficile d’imaginer que ce fut, autrefois, la capitale d’un empire. L’empereur Aurangzeb y avait concentré son pouvoir. Un mausolée en porte encore la trace : le Bibi-ka-Maqbara. On le surnomme le “Baby Taj”. Une version plus modeste du Taj Mahal, née de l’affection d’un fils pour sa mère. Face à la coupole immaculée, une question flotte dans l’air : comment une telle délicatesse a-t-elle pu franchir les siècles pour rester intacte dans ce coin du Maharashtra ? Le lieu s’adresse à celles et ceux qui apprécient les hommages discrets et la beauté cachée. À cela s’ajoute une surprise vertigineuse : la forteresse de Daulatabad. Accrochée à sa roche noire, elle guette le monde depuis toujours, tel un gardien indomptable. Bastions massifs, passerelles suspendues… On croirait entendre encore le souffle des sentinelles d’une époque révolue.

Bon à savoir : Les grottes bouddhiques d’Aurangabad, plus confidentielles, réservent d’ailleurs de superbes sculptures à admirer lors d’une balade impromptue.

Ellora : la falaise qui a fait naître les dieux

À l’approche du site, un ruban de basalte long de deux kilomètres se dresse sous vos yeux. Directement taillées dans la roche, trente-quatre grottes et temples y ont vu le jour, sculptés à mains nues par artisans et moines. La visite commence dès l’aube. Les premières grottes sont dédiées au bouddhisme : une atmosphère suspendue dans le temps, presque irréelle. Statues de Bouddha, stèles, stupas, motifs sinueux… Parfois, un rayon lunaire s’attarde, révélant la douceur d’un sourire éternel. Mais Ellora a plus d’un secret. Le long du parcours, dix-sept grottes hindoues surgissent à leur tour, creusées du sommet vers la base dans un défi insensé aux lois de l’architecture.

“La légende raconte qu’en partant du sommet de la falaise, les sculpteurs n’avaient ni besoin d’échafaudages, ni de regrets. Leur chantier filait droit, du ciel à la terre.”

Il devient difficile de détourner le regard devant le temple de Kailash. Véritable délire de pierre lancé vers le ciel. Un exploit : c’est le plus grand temple monolithique du monde, orné de récits mythologiques, à la croisée de la sculpture et de l’imaginaire. Au bout du dédale, trois grottes jaïnes, relativement dépouillées mais d’une finesse époustouflante. Chaque détail semble rendre hommage au geste de l’artisan.

Bon à savoir : À Ellora, la tolérance religieuse s’inscrit dans la roche. Bouddhisme, hindouisme et jaïnisme cohabitent ici, rappelant la diversité spirituelle de l’Inde à travers les siècles.

Ajanta : la fresque oubliée du temps

Ajanta, la fresque oubliée du temps

Un virage, une route en lacets et soudain, comme effacée par la nature, une gorge abrite la surprise d’Ajanta. Quelques marches, une descente abrupte et le regard tombe sur un ensemble sculpté, discret, intime. Les lieux abritent vingt-quatre monastères et cinq temples, suspendus à la falaise depuis des siècles. Mais ce sont surtout les peintures qui fascinent. Sur les murs, la vie de Bouddha se déroule en tableaux spectaculaires : drapés raffinés, visages expressifs, motifs floraux presque prêts à s’échapper… Les couleurs, extraites de minéraux locaux, n’ont pas changé d’intensité.

“À Ajanta, même le bleu se rebelle contre l’usure du temps : ses pigments de lapis-lazuli traversaient déjà les routes lointaines, pour faire voyager la spiritualité.”

Un silence respectueux s’impose presque naturellement. On baisse la voix devant ces œuvres fragiles. Beaucoup repartent impressionnés par la minutie de ces fresques.À la sortie des grottes, la rivière dessine ses courbes dans un amphithéâtre minéral. Le calme revient. On repense à ces trésors longtemps oubliés, retrouvés presque par hasard et préservés de main de maître par le temps.

Bon à savoir : Si les peintures d’Ajanta ont traversé les siècles, c’est grâce à des périodes entières sans présence humaine. L’oubli les a protégées, les gardant intactes jusqu’à leur redécouverte.

Avant de partir…

  • Aurangabad et Ellora, c’est à peine 35 km ; la route file vite entre les deux.
  • Pour Ajanta, prévoyez plusieurs heures de trajet – chaque détour mérite la patience.
  • Attention aux jours de fermeture : Ajanta reste fermée le lundi, Ellora le mardi. Gare à l’agenda mal calculé.
  • Pour les amoureux du textile, les soieries d’Aurangabad font figure de référence partout en Inde.

Ici, on ne cherche pas juste un “endroit à visiter”. Ces sites ouvrent des portes : vers l’imaginaire, la spiritualité, l’inventivité humaine. On repart toujours un peu différent.

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