À Bundi, le Rajasthan prend des airs de conte perdu, loin du tumulte et des foules attendues : ici, chaque ruelle bleue se transforme en invitation discrète vers un espace suspendu entre passé et quotidien. Le silence laisse juste passer le parfum du chai, le regard vif d’un singe, la caresse d’un balai sur la vieille pierre. Entre forteresse perchée, marchés foisonnants, fresques éclatantes, puits spectaculaires et ateliers secrets, Bundi murmure à l’oreille des curieux une sorte de trésor enfoui à déguster lentement, sourire aux lèvres. Le temps se fige, on quitte la ville la certitude en tête qu’un secret restera toujours caché derrière soi.
Bundi, l’inattendue du Rajasthan : et si on s’y perdait ?
Un sourire fend le bleu d’une ruelle. Un singe surveille depuis le haut d’une porte sculptée. Finis les klaxons, la foule pressée. Reste le bruissement d’un balai sur les vieilles pierres, le parfum du chai dans l’air tiède. Bienvenue à Bundi. Tout donne l’impression d’un autre monde : une ville au charme médiéval, lovée entre collines et forteresse, encore loin de l’agitation touristique. Derrière les lourdes portes, la vraie vie palpite. Fresques légendaires, marchés emballés d’épices, reflets de miroirs incrustés dans la pierre… Que réserve vraiment Bundi aujourd’hui ? Voici ce qui attend ceux qui osent traverser ses portes.
L’inoubliable à Bundi : entre forteresse et palais suspendu
Vous avancez sous la Porte des Éléphants. Le palais s’accroche à la falaise, littéralement sculpté dans la roche. Dedans, c’est une pléthore de merveilles :
- Trône de marbre blanc, posé au cœur d’une salle d’audience semblant figée hors du temps
- Kiosques coiffés de dômes élégants où la lumière s’amuse à disparaître et revenir
- Phool Mahal, une explosion de couleurs peintes pour évoquer la cour royale : miroirs, mosaïques de verre coloré, la tentation de toucher chaque recoin
- Plafond du Badal Mahal orné de fresques chinoises, Krishna virevoltant parmi les nuages
Non loin de là, le Chitra Sala se fait discret. Un souffle de jardin, puis surgissent les fresques turquoise et or. Certaines dévoilent la chasse, d’autres l’effervescence d’une cour animée, chaque miniature trahissant le talent d’un artiste d’un autre temps. Ici, tout un art se réinventait jadis.
On entend souvent à Bundi : “Dans une fleur, un peintre peut dissimuler un univers.”
Taragarh : forteresse peuplée de singes et de récits
Derrière les jardins, un vieux sentier grimpe à flanc de colline. Les arbres s’animent, les singes épient – mieux vaut surveiller de près toute banane à la main.
- Sous l’arche double du fort, seule face à l’ingéniosité des murailles
- Bastion, réservoir taillé dans la roche, temple solitaire au sommet
- Poudre noire oubliée, canon mythique resté muet
La vue plonge sur la ville bleue. L’impression de flotter, là-haut, hors du monde connu.
Dans les ruelles : la vraie vie à Bundi
Rangez les cartes, tout se passe sans plan. On se laisse guider, les murs bleus enveloppent des maisons qui s’empilent, les bazars éclatent de légumes, d’épices, d’éclats de voix. Ici, on ralentit :
- Quelques mots avec un vendeur de thé, en observant la vie s’écouler doucement
- Un cliché furtif d’une fresque cachée sur la façade d’une haveli
- Les femmes discutant au seuil, les rires des enfants qui fusent
On s’arrête parfois devant une échoppe. Un chaï brûlant à la main, presque sucré, tout en jetant un œil distrait au ballet paisible de la ville.
“À Bundi, le meilleur souvenir, c’est le temps qu’on prend”, glisse Neema, croisée dans une ruelle, un tablier sur les hanches.
Bundi, cité de l’eau et des secrets
Autrefois, Bundi pouvait s’enorgueillir de ses puits. Aujourd’hui encore, quelques-uns fascinent toujours. Escaliers vertigineux, divinités sculptées, grandes portes qui dévoilent une fraicheur ombragée. Quelques incontournables :
- Le puits Raniji-ki-Baori, délicatement façonné sur ordre d’une reine
- Dhabhai Ka Kund, parfait dans sa symétrie, constellé de sculptures raffinées, étonnant dans son ampleur
Un peu plus loin, le cénotaphe aux 84 piliers déploie tout un panthéon. D’étage en étage, les éléphants de pierre et les histoires de Shiva et Krishna s’invitent jusqu’en haut, la tête renversée, fasciné par la fresque vivante sous la coupole.
Bundi, où le silence donne des idées
Certains posent leurs valises ici pour explorer les ateliers d’artistes ou discuter autour de miniatures. D’autres s’attardent parce qu’ici, on goûte le voyage, sans courir.
Et si Bundi, finalement, restait ce refuge discret dont on préfère garder l’adresse, où chacun repart avec un détail en tête : la trace d’une fresque, un parfum d’épice, un regard… Toujours ce sentiment de repartir alors qu’il y aurait encore à explorer. Peut-être croiserez-vous Raj, tapi au creux d’une ruelle, ou Krishna, le vendeur de chai, prêt à raconter comment ici, tout se construit sans bruit, sous la protection du vieux fort… Certaines villes bousculent. Bundi, elle, chuchote. Prêt à écouter ce qu’elle murmure vraiment ?